Une odeur de vanille, insistante, si douce…
Les fèves sont en fleurs !
Un papillon, puis deux, entre les jeunes pousses –
Déjà, ce long parfum plein de douceur…
Il tient tout le vallon que suit la route,
Il envahit la plaine, toute.
Les fèves sont en fleurs…
Nœuds de satin, blanches cocardes,
Coquillages de nacre où tremble un signe noir,
Fleurs de fèves ! Tendez vos petits encensoirs
À ce bon vent chaud qui musarde…
Étagez vos blanches cocardes !
Droites, en velours vert-de-gris,
Les feuilles, bien en vain, montent la garde !
En vain, chacune a pris
Comme un reflet d’acier, doublant son velours gris !
Moi, je sais, fleurs de fèves,
Que vous faites semblant de vous presser autour
De cette lourde tige où s’épaissit la sève.
Grelots de ce hochet trop lourd
Vous sonnez, à vous-mêmes, votre rêve…
Des ailes ! Vous voulez des ailes et je sais,
Quand le vent joue à la raquette dans la plaine,
Que ces volants qui vont et viennent,
Ces petites plumes qui montent, c’est
Vous, rien que vous, les fleurs de fèves, qu’on suppose
Immobiles, sur le pied vert qui vous retient.
Une part, une autre se pose…
Qui s’en doute ? N’avouez rien.
Vous deviez, si près de la terre,
Y demeurer peut-être ? Allez,
Moi, je sais que l’on n’est cette chose légère,
Un papillon d’avril, que pour voler !
Pourquoi les arbres seuls auraient-ils sur leurs branches
Des papillons pouvant ouvrir leurs ailes blanches
Et jouer dans le vent, pourquoi ?
Demain, haussant un petit doigt
– Écrin velu de la première cosse –
Vous nous tendrez un rang de perles, déjà grosses,
Et vous serez des fèves sages, sans parfum.
Demain, les papillons s’en iront un à un
Vers les acacias de la colline…
Le vent jouera plus loin, c’est tout. Votre odeur fine,
Insistante, si douce, votre odeur
Nous l’oublierons… Nous l’oublierons déjà, fèves en fleurs…