Un tas de neige, dans un coin, c’est Hermine.
Contre le grillage, des flocons en rang : les fils d’Hermine.
Ils guettent le jour.
Clignant de l’œil en haut des cages, le vieux soleil les trouve là, si tôt qu’il vienne.
« Bonjour, soleil ! »
Ils le saluent, faisant claquer leurs petits pieds.
« Quelle heure est-il ? », disent les poules.
« L’heure des champs mouillés, des verts petits chemins », dit le vent qui s’amuse aux graines du tilleul.
Mais le tilleul fait signe de la main.
« Calme-toi, vent. Je suis chargé de perles dures.
S’ils allaient croire à du plomb, ces petits ! »
Le vent se sauve et rit dans les bambous.
« C’est le matin ! c’est le matin ! Les lapins gris broutent sur la colline ! »
Les petits lapins blancs appuient leur nez, très fort, contre la grille.
« Qu’est-ce qu’une colline ? »
Ils ruent, s’excitent du talon, clac ! clac !
Je leur demande :
Petits jouets à ressort, de quel bazar sortez-vous donc ?
Êtes-vous de peluche ou de plume, petites pelotes ?
Que signifient ces taches d’encre sur le dos, cette autre sur le front, ce nez où la grille s’imprime et ces oreilles d’âne doublées de velours rose ?
Un lapin blanc qui se respecte n’est qu’une boule blanche et ses yeux ne sont pas deux flaques de café, mais des yeux rouges transparents, pareils à des pastilles de groseille.
Voilà que vous tournez, maintenant, dans la cage !
Est-ce un manège ? Une course ? Qui gagne ?
Vous sautez sur le dos de ce manchon qui est votre mère…
Vous êtes des poussins ?
Puis, non. Ce sont bien des jouets de treize sous.
Vingt pattes de devant, fines et raides, jouent du tambour sur la grille tendue, tenant, en guise de baguettes, deux rayons de soleil.
Un bazar ! dis-je. Réclame à l’étalage…
Voyez lapins !
Sabine Sicaud (12 ans)
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In L’Oiseau bleu, revue mensuelle rédigée par des enfants pour des enfants, publiée sous le patronage de La nouvelle éducation, 1e octobre, 1926, Ve année, no 8, pp. 85-86.