Giovanni Segantini, Nature morte aux légumes (1886)
Le rouge du piment, celui de la tomate,
Luisent joyeusement contre le petit mur.
Le bel oignon de cuivre et le melon trop mûr
Joignent leur blondeur fauve à la gamme écarlate.
Des grains de malaga qui font songer aux dattes
Achèvent de confire au haut du petit mur.
Le cardonnette en fleurs mêle une ombre d'azur
Aux doigts fins de l'hysope offrant ses aromates,
Mais le crépi de cahxu qui par morceaux éclate
Semble jusqu'à la nuit, le long du petit mur,
Réfléchir un soleil si blanc, tapant si dur,
Que les lézards ont dû fermer leurs yeux d'agate.
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Ce poème paraît pour la première fois dans la revue "Abeilles et Pensées", 1ère année, n°9, avril 1928, p. 6-7. Poème repris par Jean Dupertuis, « Langue Maternelle et poésie: Éducation créatrice » in La revue du Caire No. 116, Janvier 1949, 12e année, pp. 89-111, sous le titre "Potage basque" .Aussi in Sabine Sicaud, La chanson du petit caillou et autres poèmes, Paris, Gallimard Jeunesse (Enfance en poésie), 2023.