Prix obtenu : Première Médaille d'Argent (1924)
Notre Père qui êtes aux cieux
des doux matins bercés aux fleurs des laitues bleues,
des fruits mouillés couchés dans la toison de l'herbe
que votre nom soit sanctifié !
— Ô Brume d'or dans les vergers,
que votre volonté soit faite !
Seigneur étincelant, que votre règne arrive,
serti de pierreries royales et d'eaux vives
dans vos jardins de marbre où les cèdres s'agitent
et font pleuvoir l'argent odorant des aiguilles
sur les grand animaux des paradis tranquilles,
Sur la Terre comme au Ciel ;
— sur la terre élançant ses arbres au soleil,
— sur les labours luisants chevauchés de noyers,
— sur le sol des jardins de chaleur tout vrillés,
— sur les terres intérieures, où se balancent
en grands éventails bleus sur le sable, les palmes.
Comme au Ciel où vos arbres portent
de la Joie en leurs coupes hautes,
faites la joie, ô notre Père,
par les roses rondes et rousses
qui se tassent sous les fenêtres
où vivent les insectes gris des nuits terrestres.
Donnez-nous aujourd'hui notre Pain quotidien,
— Dans la fraîche cuisine où bourdonne une guêpe,
où les fourmis montent leur noir petit chemin,
venez poser, doux Serviteur en robe simple,
l'Or de l'été, l'Or de la bonté, l'Or du pain...
Et pardonnez-nous nos offenses...
— Pardonnez aux Villes ouvertes sur la mer,
où les vaisseaux pesants de luxure s'avancent.
— Pardonnez aux rues qui serpentent,
closes, le long de l'Aube claire,
aux cloisons des chambres fermées.
— Qu'à l'Homme pardonne la Femme,
et nous à celle qui nous avait offensés,
ô Vous le Toujours Seul marchant les yeux baissés.
Ne nous laissez pas succomber
à la Tentation des fleurs et de la nuit ;
— Ne nous laissez pas succomber
à la Puissance des parfums, au vent d'Été...
Faites que nous ne sachions plus, ô notre Père,
la volupté que les rayons de lune traînent ;
— Faites que les lis soient des cierges allumés
tout simplement vers votre nocturne Beauté.
Faites-nous croire à la pureté des étoiles
qui tombent des jasmins, le soir, sous les tonnelles...
— Ouvrez la chambre sur la nuit et sur le calme,
— éteignez les fiévreuses lampes,
— croisez, de vos mains parfumées
d'odeurs naïves, nos deux mains sur nos poitrines ;
— et faites qu'au matin, de l'Aimée sur l'Aimé
les cheveux reposés ruissellent
comme les frais filets des sources claires.
Ô notre Père ! vous qui êtes délivré
et qui rayonnez doucement dans l'Immuable,
délivrez-nous, délivrez-nous du Mal !
ANDRÉE-VALENTINE BOUÉ
Notre Père qui êtes aux cieux
des doux matins bercés aux fleurs des laitues bleues,
des fruits mouillés couchés dans la toison de l'herbe
que votre nom soit sanctifié !
— Ô Brume d'or dans les vergers,
que votre volonté soit faite !
Seigneur étincelant, que votre règne arrive,
serti de pierreries royales et d'eaux vives
dans vos jardins de marbre où les cèdres s'agitent
et font pleuvoir l'argent odorant des aiguilles
sur les grand animaux des paradis tranquilles,
Sur la Terre comme au Ciel ;
— sur la terre élançant ses arbres au soleil,
— sur les labours luisants chevauchés de noyers,
— sur le sol des jardins de chaleur tout vrillés,
— sur les terres intérieures, où se balancent
en grands éventails bleus sur le sable, les palmes.
Comme au Ciel où vos arbres portent
de la Joie en leurs coupes hautes,
faites la joie, ô notre Père,
par les roses rondes et rousses
qui se tassent sous les fenêtres
où vivent les insectes gris des nuits terrestres.
Donnez-nous aujourd'hui notre Pain quotidien,
— Dans la fraîche cuisine où bourdonne une guêpe,
où les fourmis montent leur noir petit chemin,
venez poser, doux Serviteur en robe simple,
l'Or de l'été, l'Or de la bonté, l'Or du pain...
Et pardonnez-nous nos offenses...
— Pardonnez aux Villes ouvertes sur la mer,
où les vaisseaux pesants de luxure s'avancent.
— Pardonnez aux rues qui serpentent,
closes, le long de l'Aube claire,
aux cloisons des chambres fermées.
— Qu'à l'Homme pardonne la Femme,
et nous à celle qui nous avait offensés,
ô Vous le Toujours Seul marchant les yeux baissés.
Ne nous laissez pas succomber
à la Tentation des fleurs et de la nuit ;
— Ne nous laissez pas succomber
à la Puissance des parfums, au vent d'Été...
Faites que nous ne sachions plus, ô notre Père,
la volupté que les rayons de lune traînent ;
— Faites que les lis soient des cierges allumés
tout simplement vers votre nocturne Beauté.
Faites-nous croire à la pureté des étoiles
qui tombent des jasmins, le soir, sous les tonnelles...
— Ouvrez la chambre sur la nuit et sur le calme,
— éteignez les fiévreuses lampes,
— croisez, de vos mains parfumées
d'odeurs naïves, nos deux mains sur nos poitrines ;
— et faites qu'au matin, de l'Aimée sur l'Aimé
les cheveux reposés ruissellent
comme les frais filets des sources claires.
Ô notre Père ! vous qui êtes délivré
et qui rayonnez doucement dans l'Immuable,
délivrez-nous, délivrez-nous du Mal !
ANDRÉE-VALENTINE BOUÉ