Maison plantée sur le sable
comme un sapin dans le vent
maison vibrante du chant
et des plaintes de la mer.
Maison plantée sur le sable
bruissante d'or au midi
si livide au clair de lune
et si sanglante au levant.
C'est le vert dansant des vagues
qui t'a servi de carreaux
et les pattes si savantes
des araignées douces du sable
tissent la soie de tes rideaux
que le soleil brode d'or.
Quand chaque été me ramène dans tes bras
vieille maison
l'odeur des étés finis
me saisit dans ses mains lourdes
qui sentent le crabe mort,
le caoutchouc des sandales
oubliées dans le placard,
ce petit four crématoire
de tant de rêves oubliés
qu'on appelle cendrier
et l'odeur de déjà plus
des chardons décolorés,
odeur tu es la présence
que je reviens chercher là
et tu coules sur ma peau
comme le poids de deux bras.
1 Pour Gisèle Julliard, épouse de René Julliard,
l'éditeur de Minou Drouet [ Guy Rancourt ]