C’est l’heure où l’été s’achève…
C’est, sous le ciel anxieux,
L’heure d’achever mon rêve
Et d’abandonner tes yeux.
Tes yeux, merveilles profondes,
Pays d’ivresse et d’effroi
Où je fais le tour du monde :
Puisque le monde, c’est toi !
Tes yeux, pour quelques semaines,
Il va falloir les quitter.
Le Destin passe ; il m’emmène
Loin de tout ce bel été.
Il va falloir sur la route
Prendre, en oubliant les bois,
Un chemin qui va sans doute
Plus loin que tout ce qu’on voit.
C’est l’heure encor d’être ensemble
Au bord d’un suprême soir…
Est-ce le jardin qui tremble ?
Ou notre dernier regard ?
Chaque brin d’herbe palpite
Jusqu’aux éternels sommets…
C’est l’heure, puisqu’on se quitte,
De s’aimer plus que jamais !
In L’Arc-en-ciel (1926)