Tout près du confluent où le Lot abandonne
Ses rivages fleuris, et laisse aller ses flots
Se perdre, avec son nom, au sein de la Garonne,
Sous des ormes touffus, est un petit enclos :
C'est celui d'une maisonnette,
Qui semble se cacher, par amour de la paix,
Tout comme avec son nid, dans un buisson épais,
Se blottit la fauvette.
Hé bien ! là, sous ce toit, un beau matin d'avril,
Quand Bonaparte encor combattait sur le Nil,
Et qu'alentour de nous s'amoncelait l'orage,
À l'heure où dans Tonnains se faisait le tirage
Des garçons que le sort, au gré des numéros,
Renvoie à la charrue, ou transforme en héros,
Une fille priait ; mais distraite, agitée,
Au milieu, semble-t-il, du plus grand embarras,
Elle a pris sa quenouille, et bientôt l'a quittée,
Ne sachant plus après que faire de ses bras.
Elle marche, s'assied, puis brusquement se lève ;
Elle écoute... quoi ? rien ; et regarde sans voir.
Un frisson la saisit, elle va se rasseoir,
Et, les mains sur ses yeux, se plonge dans son rêve.
Ah ! vous croyez déjà tenir la vérité,
En supposant que sa souffrance
Est l'effet d'un amour payé d'indifférence,
Ou d'infidélité.
Mais regardez-là donc ! dites s'il est possible
Que, devant ces grands yeux aussi bleus que le ciel,
Atteint par ce regard aussi doux que le miel,
Un coeur... je dis un seul... soit ou reste insensible ?
Quel corps flexible et droit ! quelle taille de fuseau !
Et comme gentiment la blancheur de sa peau
Contraste avec le noir d'ébène
De ces flots de cheveux, qui s'engouffrent à peine
Dans la coque de son chapeau !
Ce qui rehausse encor ses charmes,
Le don que j'admire entre tous,
C'est dans la voix comme des larmes ;
C'est son parler... il est si doux !
Bref, elle a l'air si fin, la démarche si belle,
Que partout on la prend pour une demoiselle.
Extrait du chant 1 de Marthe - Élégie villageoise
Ses rivages fleuris, et laisse aller ses flots
Se perdre, avec son nom, au sein de la Garonne,
Sous des ormes touffus, est un petit enclos :
C'est celui d'une maisonnette,
Qui semble se cacher, par amour de la paix,
Tout comme avec son nid, dans un buisson épais,
Se blottit la fauvette.
Hé bien ! là, sous ce toit, un beau matin d'avril,
Quand Bonaparte encor combattait sur le Nil,
Et qu'alentour de nous s'amoncelait l'orage,
À l'heure où dans Tonnains se faisait le tirage
Des garçons que le sort, au gré des numéros,
Renvoie à la charrue, ou transforme en héros,
Une fille priait ; mais distraite, agitée,
Au milieu, semble-t-il, du plus grand embarras,
Elle a pris sa quenouille, et bientôt l'a quittée,
Ne sachant plus après que faire de ses bras.
Elle marche, s'assied, puis brusquement se lève ;
Elle écoute... quoi ? rien ; et regarde sans voir.
Un frisson la saisit, elle va se rasseoir,
Et, les mains sur ses yeux, se plonge dans son rêve.
Ah ! vous croyez déjà tenir la vérité,
En supposant que sa souffrance
Est l'effet d'un amour payé d'indifférence,
Ou d'infidélité.
Mais regardez-là donc ! dites s'il est possible
Que, devant ces grands yeux aussi bleus que le ciel,
Atteint par ce regard aussi doux que le miel,
Un coeur... je dis un seul... soit ou reste insensible ?
Quel corps flexible et droit ! quelle taille de fuseau !
Et comme gentiment la blancheur de sa peau
Contraste avec le noir d'ébène
De ces flots de cheveux, qui s'engouffrent à peine
Dans la coque de son chapeau !
Ce qui rehausse encor ses charmes,
Le don que j'admire entre tous,
C'est dans la voix comme des larmes ;
C'est son parler... il est si doux !
Bref, elle a l'air si fin, la démarche si belle,
Que partout on la prend pour une demoiselle.
Extrait du chant 1 de Marthe - Élégie villageoise